Après avoir passé 24 heures dans un bus plutôt confortable en CAMA (sorte de siège-lit qui permet d’être allongé à environ 160°), nous voilà arrivés à Salta. Dans la bus, nous avons retrouvé Hayal, une jeune turque, étudiant les mathématiques en Allemagne, voyageant trois mois en Argentine, qui dormait dans le même hôtel que nous à Puerto Iguazù. Ayant les mêmes envies de découvertes autour de Salta, naturellement nous lui avons proposée de se joindre à notre road trip !
L’objectif : louer une voiture et partir à l’aventure autour de Salta pendant 10 jours.
J-1 : Trouver une voiture et une tente.
Arrivée à Salta à 10h. Le temps de trouver notre hôtel pour la nuit, récupérer une super tente trouvée sur Facebook Market et prendre une bonne douche après ces 24h de bus, il est déjà 13h. Programme de l’après-midi : partir en quête de notre moyen de locomotion pour les jours à venir.
Mais c’était sans compter Daniel. Alors que l’on essayait tranquillement nos tentes dans le jardin de l’hôtel, un couple engage la discussion. Une fois les banalités échangées et notre objectif énoncé, Daniel a sorti son téléphone et s’est transformé en agence de voyage : bons plans, photos de paysages et contacts de particuliers louant des voitures. Il a même appelé à notre place pour négocier un bon prix, mais hélas, plus rien de disponible. Il est 16h, on a bien discuté, mais toujours pas de voiture.
Nous partons donc en ville pour trouver des agences de location : bon, c’est facile, elles sont toutes dans la même rue ! Le discours est rodé, le nôtre comme le leur. Quelques agences n’ont plus de voiture et les autres proposent de louer à environ $1200 par jour (30€). Et puis, après une dizaine d’agences, on tombe sur une femme parlant Français. On s’est un peu laissé charmer, et puis, elle nous a proposer un prix un peu en dessous ($1100), donc on a accepté.
On rentre donc à l’hôtel, plutôt contents de notre affaire, et on partage notre repas du soir avec le couple argentin : Susana & Daniel. Notre espagnol est loin d’être parfait mais on échange beaucoup, et Daniel finit par nous présenter à certains de ses amis habitant dans nos prochaines destinations : Bariloche, Ushuaia et Puerto Madryn. Une bonne soirée où l’on a bien rigolé, et l’on retiendra ceci : « Argentina es muuuy liiiindoo ! ».
Jour J: première destination au nord de Salta, Tilcara.
9h, on récupère la voiture, et direction le nord de Salta. Nous sommes soulagés de quitter l’anarchie de la ville (les Argentins en voiture, ça change des Français). Les paysages défilent : d’abord en campagne avant de nous enfoncer dans une forêt dense. Petit à petit, la forêt laisse place à un paysage montagneux et désertique, dans lequel les cactus nous plongent dans une ambiance de western. L’ascension dure quelques heures, puis nous parvenons finalement à notre destination du jour : Tilcara.
Une quebrada est une sorte de canyon créée lors de l’élévation de la cordillère des Andes il y a quelques millions d’années.
Le camping municipal de ce petit village situé à 2500m d’altitude sera notre QG pour les deux prochains jours. Après s’être installés, nous partons explorer les environs. Nous croisons deux jeunes Argentins de Buenos Aires que nous avons pris en stop un peu plus tôt et partons pour une petite promenade autour du village.
Le soir venu, on se dégotte un petit restaurant où nous sympathisons avec Lara et Kamil, un couple Polo-Allemand vivant en Espagne avec lequel nous planifions la journée du lendemain !
J+1 : la montagne aux quatorze couleurs à Hornocal.
En route ! La voiture est bien pleine : cinq personnes, un stock de feuille de coca et 10 litres d’eau. Aujourd’hui, direction la Quebrada de Humahuaca dans laquelle se trouve la célèbre montagne aux 14 couleurs, à plus de 4000m d’altitude.
Malgré que cela soit déconseillé par l’agence de location, nous décidons de tenter la route avec notre petite voiture. Après 3 heures de chemin à 25km/h, nous arrivons en haut, sain et sauf !
Cette célèbre montagne est en fait une série de cassures et pliures qui ont eu lieu lors de l’élévation de l’océan pour former la cordillère des Andes. Grâce à une cassure nette, on peut observer sur cette montagne diverses couleurs qui correspondent aux diverses couches de sédimentation du fond de l’océan.
J+2 : Salinas Grandes, Purmamarca et barbecue sauvage.
Adieu Tilcara ! Direction l’est de Purmamarca pour découvrir le Salinas Grandes, un ancien morceau de l’océan à 2000m d’altitude. La particularité est que ce lieu est exploité pour son sel ! Plus d’océan (du moins en surface), mais une énorme entendue de sel.
Grâce à de petites piscines creusées dans le sol, l’eau remonte à la surface et effectue à nouveau un processus d’évaporation sous l’effet de la chaleur. Ceci permet donc de récréer des sels de manière quasi infinie. Nous dégustons notre petit repas dans ce paysage lunaire, quel plaisir !
A noter :
- Le sel, c’est super dur.
- Le sel, c’est super salé.
- Quand tu payes $10 pour aller pisser, t’es vraiment dans un lieu très (trop) touristique.
La boucle nord arrivant doucement à son terme, nous redescendons tranquillement vers Salta. Fini les déserts, nous retrouvons de la verdure ! Sur la route, nous découvrons el lago de Alegre, un petit lac sauvage, où nous nous arrêtons pour la nuit.
Petit feu de camp pour faire cuire du riz et des lentilles, entourés de vaches, de chevaux et de toute sortes d’oiseaux. Enfin, nous posons les tentes en admirant étoiles et lucioles au rythme du champ des grenouilles.
J+3 : Après el tren de las nubes, en route vers le Sud : la ruta 40.
Direction l’ouest de Salta : San Antonio de las nubes. Nous suivons les traces du tren de las nubes en voiture. On retrouve les mêmes paysages désertiques qu’au nord de Salta.
Pour la suite, deux choix s’offrent à nous pour nous rendre à Cachi, notre prochaine destination :
- Repasser par Salta, bonne route mais grand détour.
- Couper par la ruta 40, une piste déconseillée (interdite?) par l’agence de location.
En cherchant des informations sur internet et en demandant aux personnes croisées à San Antonio, il nous parait possible de prendre la ruta 40 avec notre petite voiture. On fait le plein, et c’est parti pour 100km de piste plus ou moins entretenue.
Notre camino, d’abord large et plat, se transforme en chemin de montagne pour l’ascension du col Abra del Acay, à 4895m d’altitude.
Puis on redescend. Quelques passages étroits en bordure de falaise et quelques rivières à traverser (on avait bien vérifié qu’il n’y avait pas eu de pluie depuis quelques jours !), mais rien de très compliqué.
25km/h, c’est pas rapide. Avec la nuit qui s’approche, nous décidons de faire un arrêt à La Poma, un petit village au milieu des montagnes pour la nuit. Dans notre auberge, nous rencontrons deux couples de baroudeurs Suisses d’une soixantaine d’années avec qui nous partageons nos aventures. Un grand merci à eux pour leur générosité (le lendemain, le mec de l’auberge nous a expliqué qu’ils avaient déjà payé notre chambre), en espérant les recroiser eux et leur gros camion rose dans la suite de notre périple !
J+4 : Un peu de repos à Cachi.
Petite journée ! Départ de La Poma après notre petit déjeuner pour la soixantaine de kilomètres nous séparant encore de Cachi. Quelques arrêts sur le chemin et nous voilà en place dans notre camping en début d’après-midi midi, prêt à profiter de la piscine !
Ah oui, on a aussi mangé notre meilleur repas pour le moment en Argentine : un mouton entier sur la broche. On s’assoit, petite bière fraîche, petite salade en accompagnement… et le serveur arrive avec deux énormes morceaux de viande bien grillés. Victor en bave encore.
J+5 : Du vin et des cactus.
Nous passons la matinée à nous promener dans le parque national de los cardones, jolis points de vues sur une vallée de cactus.
Pour résumer :
- Un cactus c’est un bidon d’eau, les aiguilles servent à récupérer un maximum d’eau, ça ne pousse qu’avec l’aide d’une plante infirmière (genre y’a que deux plantes dans cet endroit, des cactus et ces plantes « infirmières »).
- Une graine sur 80.000 devient un cactus et quand un homme mange du cactus, ses excréments sont propice à faire pousser un nouveau cactus.
- Deux légendes sur les cactus. La première conte l’histoire de deux amants indiens poursuivis par le père de la fille car il n’approuvait pas leur couple. Ils se firent un câlin, vêtus d’une couverture verte, et Mère Nature les transformèrent en cactus pour un amour éternel bla-bla-bla. La seconde : des espagnols qui se croyaient poursuivis par des indiens pendant la nuit, et en fait c’étaient les indiens qui se transformaient en cactus – drogue –.
En revenant, on tombe plus ou moins par hasard sur une bodega (producteur de vin). La bodega Puna, toute jeune (2 ans). Principalement du Malbec et du Torrontés, très présents ici. On profite de la dégustation et du superbe cadre !
J+6 : Les vallées calchaquies jusqu’à Cafayate.
Et c’est reparti pour de la route ! 160km de piste avec pas grande chose à voir. À noter la quebarada de las flechas, assez impressionnante, mais plutôt une journée de transfert.
Petit repas dans une superbe bodega au milieu de nul part le midi puis arrivée à notre hôtel à Cafayate en fin d’après-midi.
Le soir, on rencontre Gauthier, el motocyclor, un Français qui fait la route du Pérou à Ushuaia en vélo (on croise pas mal de personnes qui font ça, c’est des malades !).
J+7 : Randonnée des 7 cascades mais on n’en a trouvées que 2.
Pour cette journée, on a repéré une randonnée dans les montagnes autour du Rio Colorado et de ses 7 cascades. Un des trucs à faire dans la région ! On arrive à trouver une carte de la randonnée sur internet et c’est parti, nos sandwichs dans les sacs à 9h au départ de la randonnée. Et là… une armée de « guides » nous attend. Ils nous expliquent qu’on ne peut pas faire la randonnée sans guide -bla-bla-bla- et demandent quinientos pesos per persona (environ 12€, c’est hors de prix ici). C’est ça d’avoir des têtes de touristes, une voiture de location et de pas être super à l’aise au niveau de la langue. Mais on se démonte pas et on contourne le barrage de guides pour commencer la randonnée. On croisera d’autres personnes plus tard, sans guide, et même le guide qui a essayé de nous avoir, et qui était un poil énervé.
Le début de la marche est assez costaud, il faut changer de vallée pour trouver la rivière (ou plutôt le torrent). Après 2h d’ascension, on change de versant et on entend l’eau se rapprocher : on y est ! On tombe sur la première cascade sans être sûr que cela en est une, puis sur une deuxième (2m de haut), puis sur la troisième (6-7m de haut) avec un parc pour se baigner ! Après avoir mangé et profité de l’endroit, on a un peu chercher le chemin pour la suite, mais on ne l’a pas trouvé ! Il aurait peut-être fallut un guide, mais pas à ce prix là !
Le soir, on s’éclate le vente à la casa de los empenadas, spécialité locale, avec une bonne bouteille de vin !
J+8 : Maladie pour Hayal, et bodega pour nous !
Aïe aïe aïe ! Les empenadas et/ou le vin sont mal passés pour Hayal. Petite journée à récupérer au lit, on s’occupe d’elle : du riz, du coca et du repos ! Notre programme : on chill dans le jardin de l’hôtel et on visite une bodega réputée de la ville.
J+9 : Quebrada de las Conchas sur la route du retour.
La fin approche ! Dernière journée, on remonte tranquillement vers Salta. Pas mal d’arrêts sur la route, notamment el amphiteatro et el garganta del diablo, deux structures rocheuses impressionnantes, datant de l’époque où ces lieux émergeait des océans pour devenir la cordillère des Andes.
Pour notre dernière nuit, nous revenons à notre petit lac préféré pour une dernière nuit de camping sauvage, avant de rendre la voiture le lendemain à 9h.
Fin de 10 jours assez intenses. Fin également de notre aventure avec Hayal qui part du côté d’El Bolsón pour faire du woofing. Notre première vraie rencontre de voyage et sûrement pas la dernière. Et maintenant, direction Bariloche, avec quelques jours de repos à Córdoba sur la route !
Des bisous de Camille et Victor,
Hasta luego !
C’est un grand plaisir de lire vos aventures 🙂 que de petites anecdotes et d’histoires qui sont très intéressantes. Je vois que vous avez l’air de vous éclater et c’est l’essentiel. Gros bisous à vous deux
Ahahah, malade je ne sais pas mais certainement un peu fou ! ?
Une bien belle rencontre que vous deux ! Profitez-bien de la suite de vos aventures ?
Bises
J’adore vous lire ! Je reconnais pas mal d’endroits où nous étions passés. Cordoba, faites les férias (non Vico, pas comme celle de Dax), c’est un marché nocturne vraiment cool, ambiance dans toutes les rues 😉
Bonne route pour rejoindre Bariloche !