Épisode 25 : L’inaccessible Chocò.

On quitte déjà l’Équateur pour nous rendre dans notre ultime pays : la Colombie. C’est le pays coup de cœur de nombreux voyageurs. Ça tombe bien, on aimerait terminer notre aventure en beauté. Première étape, hors des sentiers battus d’après ce qui se raconte, la côte pacifique colombienne a.k.a la région du Chocò.

Un long périple de Quito à Buenaventura.

Qui dit dernier pays dit dernier passage de frontière. On prend donc un premier bus de Quito à Tulcán où l’on passera la nuit. Sur internet, la frontière n’a pas trop bonne réputation alors on préfère la passer de jour. On a apprit par la suite qu’elle est ouverte que la journée donc ça tombe bien. On prend donc un taxi aux aurores le lendemain. Ici, rien n’est indiqué et pas grand monde ne tente de nous guider. On tamponne notre sortie puis on marche 200m pour se rendre du côté colombien. On se dirige vers une première file qui est en fait réservé aux vénézuéliens. Ok… Deuxième file nommée « Entrée Colombie », jackpot, on s’insère ! Un mec nous dit non, non, non, c’est la file d’à côté écrite « Sortie Colombie », soit. On suit deux danoises qui doublent une bonne partie de la file, on sait pas trop pourquoi. Et l’attente commence. On est dans l’incertitude, on ne sait ni ce qui se passe et ni même si on est au bon endroit. 1h plus tard, on entre dans le hall où une autre petit queue nous attend. Tampon d’entrée et hop nous y voilà ! Plus d’attente que de peur ! Nous prenons de nouveau un taxi jusque la gare routière puis un bus de nuit jusque Cali.

Cali ne sera qu’une courte étape pour nous ! On s’arrête quand pour se reposer de ce long voyage. On s’offre le plaisir d’aller au cinéma voir Aladin en VO. Enfin, c’était sensé être en VO. Mais en fait non. Après 8 mois de voyage, on a réussi à comprendre le film en espagnol ! On profite du temps libre pour essayer de retirer dans toutes les banques pour savoir laquelle nous arnaque le moins. Certaines ne prennent pas de frais de DAB, mais, le taux de change est HORRIBLE. On perd quasiment 10% du montant retiré. (On découvrira par la suite, merci les blogueurs, que certains distributeurs permettent de refuser le taux de change proposé, alléluia.)


On se fait une courte étape à San Cipriano. Le guidebook parlait d’un petit village accessible en moto rail. Ça avait l’air fun et ça l’était. L’après-midi, on s’est posés sur des grosses jantes gonflées à descendre tranquillement la rivière jusqu’au village. Petite anecdote : arrivés à la fin de la descente, Victor se rend compte qu’il n’a plus la GoPro.. Shit, here we are again. Gros coup de flippe sachant qu’on ne savait pas du tout depuis quand elle était tombée. Par chance, le flotteur s’était coincé dans un arbre un peu derrière nous. Ouf.

Aussi, on a mangé notre premier repas local composé de riz, haricots rouges, banane plantain et poisson frit. On ne se doutait pas encore qu’on allait manger la même chose pendant deux semaines.

Jusque là, ça se passait bien. Puis, on prend la direction Buenaventura pour trouver un bateau jusqu’à Nuqui sur la côte pacifique. La région du Chocó c’est comme Iquitos au Pérou, on peut y accéder uniquement par avion ou bateau. Nous, on a prévu bateau à l’aller et avion au retour. Nous sommes le vendredi 28 juin. On se dirige vers le port touristique pour trouver une lancha. Dommage, il n’y a rien avant mardi (8h de trajet, 200 000COP). Dans nos têtes, on fait un planning avec un départ mardi. On réserve même l’avion retour pour le 10 juillet. Le timing est serré mais ça devrait passer. Ils restent quelques inconnues au niveau des transports sur place. Tout se fait en lancha avec pas forcément de départ quotidien et aucune info sur internet. On a donc 4 jours à perdre dans une ville sans aucun intérêt et prétendue comme l’un des plus craignos de Colombie. On cherche donc d’autres solutions pour partir plus tôt. On contacte un homme qui semble être capitaine d’un cargo faisant le trajet jusque Nuqui. Il nous répond qu’il part mardi, 20h de bateau, 120 000COP, repas et couchette inclus. On choisit le cargo et on attend 4 jours.

Le matin du départ, on contacte le capitaine pour connaître le lieu de rendez-vous. Sa réponse : « En fait on part demain »… C’est chiant. Ça bouleverse tous nos plans. On est dégoûtés et en plus on a raté les lanchas du matin. Ça devient compliqué niveau timing pour Nuqui, donc on choisit d’aller directement à Bahia Solano. Mais comment ?

On retente notre chance au port touristique, et cette fois on tombe sur une gentille dame qui nous aiguille vers un cargo qui partirait le soir même. On contacte le cargo, tout à l’air bon. On se rend sur place en fin d’après midi. On découvre l’engin où on va passer nos 24 prochaines heures. La découverte des couchettes est un poil déstabilisante. Les gens ont tous l’air de nous regardé de travers. On se sent pas forcément au top les premières heures, mais ça ira bien mieux par la suite. Départ du port à 2h du matin (marée oblige), pour 20h (en théorie, on en mettra 24) de trajet.

Il fait chaud dans ces couchettes ! Elles sont juste au dessus du moteur, qui chauffe de plus en plus au fur et à mesure du trajet. Les deux petites clims installées peines à compenser la chaleur. Et puis, on est quand même presque 20 à dormir dans ces quelques mètres carrés.

La journée du lendemain sera tranquille. On navigue à quelques kilomètres de la côte. La mer est calme. On apercevra même quelques baleines, mais de loin. Il parait que parfois des dauphins viennent jouer près du bateau. Les repas sont ok. On occupera notre journée entre sieste, air frais/repas et séries (on avait fait le plein #3%).

El Valle, paradis de la côte pacifique.

Il est environ deux heures du matin quand nous accostons à Bahia Solano. Le moteur s’arrête, la clim aussi mais on tente de continuer de dormir. En même temps, on n’a rien d’autre à faire ! Vers 7h, on quitte le navire à la recherche d’un tuk-tuk pour nous amener à El Valle. Pas grand monde de si bonne heure mais on trouve notre bonheur. 45mn de tuk-tuk tout terrain plus tard, on arrive en plein milieu d’une grosse averse devant notre posada El Nativo. C’était recommandé sur internet, on demande donc une chambre, on nous propose la seule cabaña restante et c’est parti pour 6 jours dans le Chocò !

Notre première activité, celle qu’on attend depuis un petit moment maintenant et celle pour quoi on est ici : voir des baleines à bosse. De juin à septembre, les baleines migrent dans ces eaux chaudes du pacifique pour mettre bas. On part donc sur un petit bateau à moteur à la recherche de baleines et baleineaux. Il faut être patient et guetter activement les souffles au loin.

On espérait (avec pas beaucoup d’espoir non plus) voir des baleines sauter juste à côté de notre bateau. Il faut avoir énormément de chance pour voir ça :

Source : Inado Perez, colombia.co

Nous c’était plutôt des souffles, des dos et des queues ! C’est immeeeense ! C’était un spectacle impressionnant ! Surtout en fin d’après-midi, lorsqu’on a suivi deux baleines de très près. Quelle émotion.

Source : nous, ouais c’est un peu moins classe lol.

Dans la même journée, on s’est arrêté pour déjeuner à la cascade El Tigre. Kike, notre guide, nous fait découvrir une plage partagée entre crabes et bernard l’hermites, puis une petite grotte remplie de chauve souris. Au menu du jour : atún ahumado, thon fumé. Fumé sur place bien entendu, dans de grandes feuilles vertes. On termine le repas en observant les baleines au large, puis on se rafraîchit en remontant le petit ruisseau qui forme la cascade du Tigre. On est un peu en mode canyoning par endroit. Le ruisseau est plus frais que l’eau de l’océan, et ça fait du bien !


La deuxième journée, on se lève assez tôt pour aller voir une libération de bébé tortues. Comment on y va ? À trois sur une moto à fond sur la plage. Au début, on doute de la stabilité mais on prend vite goût à cette magnifique plage qui défile. Il y a pas mal de tortues qui viennent pondre ici. Et un local, dans un but de protection bien entendu, déterre les œufs de la plage pour les ré-enterrer dans un périmètre sécurisé.

Une fois les bébés sortis, il les libère sur la plage. C’est ça qu’on est aller voir. Pourquoi faire ça ? Il nous explique que sur la centaine d’œufs qu’une tortue pond, en moyenne un seul arrivera à l’âge adulte. Principales causes de décès : les animaux et humains qui récupèrent les œufs pour les manger, et oiseaux, chiens et autres qui mangent les nouveaux nés avant qu’ils n’atteignent l’eau. Du coup, il permet de gérer un peu mieux ces soucis là. Bon après, il reste LE problème du plastique une fois dans l’eau… Nous avons donc assister à ce superbe moment où une centaine de mini tortues se ruent, aussi vite qu’elles le peuvent, jusque dans les vagues. En tout cas, respect à ce bonhomme qui passe ses nuits à patrouiller sur la plage pour récupérer les œufs et ses journées à rabâcher le même discours aux gens.

La plage sur laquelle il patrouille fait 7km de long. Les tortues viennent y pondre de février à novembre, donc presque toute l’année. Jusqu’à une dizaine de tortue chaque nuit en août et septembre, à seulement une tous les 2/3 jours en février et novembre. Il prend des volontaires pour l’aider, ça peut être une expérience sympathique !

En ce troisième jour, direction Playa Blanca dans le parc national Utría. Comme son nom l’indique, une belle plage blanche avec des cocotiers, sur une petite île à l’entrée d’une grande baie où les baleines viennent se reposer, abritées du courant. Nous, ce qui nous a bien occupé, c’est pas l’île ni la plage, mais plutôt les fonds marins. On a dû passer deux ou trois heures à faire le tour de l’île en snorkeling. Bonne visibilité, 2/3m de profondeur et pas mal de poissons au rendez-vous !


Nous étions sur place pendant la célébration de la Virgen de Carmen. Chaque année, pendant une semaine, les habitants fêtent cette vierge à travers un concours entre quartiers en chantant, dansant et en élisant la reina a.k.a la miss du pueblo. Les soirées se prolongent dans les rues au rythme de la fanfare en se déhanchant, danse qu’ils appellent le dumbe.

El Valle est un endroit encore peu touristique et coupé du reste de la Colombie. On a remarqué deux problèmes :

  • Je sais pas comment ils font mais ils bouffent toujours la même chose. Poisson, riz, banane plantain. Un peu de poulet de temps en temps. Seules les cuissons varient. Un peu répétitif pour nous gastronomes français.
  • Le plastique bien entendu. Les bords de plages sont remplis de micro-plastiques, chaussures, bouteilles et autres déchets en tout genre. En ville, même combat. Certains locaux ont beau sensibiliser les touristes pour ce qui est des plages, ils faudraient qu’eux aussi soient irréprochables avec un meilleur système (ou un système existant tout court) de traitement des déchets… Le pire qu’on ait vu reste des parents qui jettent tout naturellement les couches de leur enfant par dessus bord dans l’océan OKLM.

Ensuite, on se fait une nuit dans la ville de Bahia Solano. La vue de la chambre est superbe. Puis direction le lendemain dans ce tout petit aéroport pour rejoindre Medellín.

A bientôt pour normalement ce qui devrait être le dernier épisode de notre voyage,
Cam & Vico.

3 commentaires sur “Épisode 25 : L’inaccessible Chocò.

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